En 1952, un groupe d’intellectuels musulmans de haut niveau crée le « Centre culturel islamique » à Paris. Attirés par l’Europe pour y acquérir des savoirs, ils voulaient connaître, pour se connaître et, si possible, se faire connaître.
Sans aucune autre ressource que leur érudition, leur disposition à faire aboutir un projet collectif et leur ouverture aux dialogues, ces musulmans dans la modernité surent créer un espace d’expression et d’échanges où une parole musulmane à l’écoute de celles des autres familles spirituelles a eu raison de bon nombre de préjugés et fait progresser la connaissance mutuelle.
Une coopération loyale avec des orientalistes qui renonçaient à assigner au musulman le rôle d’« informateur indigène » leur permit d’animer une université ouverte à La Sorbonne et de contribuer à satisfaire, en partie, la demande croissante de connaissances sur l’Islam suscitée par la guerre d’Algérie.
Par ces activités, le CCI rappelait la vitalité intellectuelle de la Fraternité musulmane qu’avaient créée en 1907 à Paris des intellectuels musulmans.
Les fondateurs du CCI, dont quelques-uns étaient membres du CNRS, avaient commencé à préparer un ouvrage collectif sur l’Islam où les rédacteurs voulaient assumer leur sensibilité religieuse. Ce projet n’a pas abouti. C’est le verbatim des séances de préparation, complété par des articles rédigés pour des revues spécialisées par les membres de ce groupe dont l’acte d’écrire était facile, qui fait l’objet de cette édition. Le rappel de cet épisode important de l’histoire intellectuelle de l’Islam en France, qui reste à écrire, est aussi un appel à mieux la connaître. L’exemple de ces illustres prédécesseurs pourrait inspirer ceux qui cherchent à remédier aux carences éducatives des instances musulmanes de France.